Sécurité

Alors que les attaques au couteau rythment l’actualité depuis des années, comment expliquer le laxisme qui entoure l’usage des armes blanches ?

LeFigaro - 29 avril 2024 - Par Yves Thréard

Samedi soir, à Châteauroux, Matisse, 15 ans, est tombé sous les coups de couteau d’un garçon de son âge. D’origine afghane, le meurtrier était déjà connu pour vols avec violences, mais avait été laissé en liberté. Bénéficiera-t-il de l’excuse de minorité? Gabriel Attal, qui a annoncé vouloir «atténuer» ce dispositif, n’est-il pas là au pied du mur? Lui qui appelle à un «sursaut d’autorité» tiendra-t-il sa promesse? Plusieurs fois, depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée, l’exécutif a été pris en flagrant délit de contradiction sur le front de la lutte contre la délinquance. Le projet de réforme du premier ministre est attendu pour le mois de juin.

Alors que les attaques au couteau rythment l’actualité depuis des années, comment expliquer également le laxisme qui entoure l’usage des armes blanches? À côté des attentats terroristes - comme la décapitation de Samuel Paty et l’assassinat de Dominique Bernard -, qui bouleversent l’opinion, quelque 120 agressions par jour sont commises selon ce mode opératoire. Moins cher qu’un fusil, le couteau est plus facile à acheter et à transporter. On le retrouve souvent au fond des cartables des collégiens. Policiers et gendarmes disent signaler la présence systématique de couteaux lors des arrestations.

"Face à la délinquance, il y a loin des paroles aux actes"

Pourtant, deux décisions récentes semblent en complète contradiction avec cette sombre et inquiétante réalité. La première relève-t-elle d’une volonté de camoufler les statistiques, d’une omerta? La suppression, en 2020, de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales ne permet plus de connaître l’évolution de la délinquance à l’arme blanche. Pire, il n’existe désormais qu’une catégorie d’homicides, sans aucune précision sur le mode opératoire. La seconde décision, ahurissante, est la banalisation du port d’arme de catégorie D, et notamment les lames tranchantes. Ce qui était un délit, avec, souvent, passage en garde à vue, va bientôt se solder par une simple contravention. Au mépris de la sécurité publique, l’État baisse-t-il la garde à cause de l’engorgement des commissariats et gendarmeries?

Dans ses discours, Gabriel Attal plaide pour «l’impunité zéro». Si le message est entendu, les actes sont malheureusement loin d’être à la hauteur.

yves thréard