Tribune

En 2013, j'imaginais la nuit où la France faisait faillite. Un duel à distance entre un trader new-yorkais cultivant une relation d'amour-haine avec la France, et l'appareil d'Etat refusant d'admettre la gravité de la crise. S'activait déjà en coulisses un certain Emmanuel Macron...

6 juin 2025 - Par Gaspard Koenig

Comme le moment de la faillite se rapproche (les taux d'intérêt de la dette française ont dépassé en fin d'année dernière ceux de la dette grecque, tandis que la Sécurité Sociale est, selon la Cour des Comptes, proche du défaut de paiement !), il était temps de ressortir ce texte agrémenté d'un nouveau chapitre, "dix ans après".

La faillite n'est pas seulement une question financière. C'est un phénomène moral et presque métaphysique. Un moment de prise de conscience collective, de tabula rasa normative et de rééquilibrage générationnel. Après cinquante ans d'incontinence budgétaire, n'est-il pas naturel que l'abcès éclate ? Les institutions ne doivent-elles pas mourir pour se régénérer ?

La dernière grande faillite de l'Etat français eut lieu en 1796. Le ministre des finances, Dominique Ramel, eut cette belle phrase : "J'efface les conséquences des erreurs du passé pour donner à la nation un avenir". Est-ce un hasard si quelques années plus tard Portalis put remettre à plat le droit et créer les grands codes (dits "napoléoniens") ?

La faillite, forme douce de l'effondrement, n'est-elle pas aujourd'hui la condition de toute véritable transformation écologique ? Le blackout ibérique nous en a donné un avant-goût...

En attendant, je me permets de vous glisser deux longs entretiens récents sur des sujets qui peuvent sembler fort différents mais qui sont corrélés dans mon esprit :

  • Le problème bureaucratique : discussion avec le général Schill (CEMAT) dans Le Point.
  • Les vertus du jardinage : entretien dans le hors-série de Philosophie Magazine

Je sais aussi que je vous dois un retour sur vos nombreuses contributions, objections et suggestions autour de la "règle d'or". Je dois encore finir d'analyser vos messages et de mettre mes pensées au clair. Merci pour votre patience !

Côté lectures, je peux vous recommander ce mois-ci, au fil de mes curiosités :

  • Du droit de déambuler de Sarah Vanuxem, réflexion juridique et philosophique sur le vagabondage, en plein dans mes (nos?) préoccupations
  • La forêt vierge d'Amazonie n'existe pas de Stéphen Rostain, archéologue du CNRS qui démontre que la forêt dite "vierge" est en fait largement le produit des cultures humaines (comme quoi nous sommes partout !)
  • Sur l'eau de Maupassant, à lire pendant les vacances pour bien regretter la Méditerranée d'avant le tourisme de masse...

Librement,

Gaspard

koenig

J'ai le plaisir de vous annoncer la sortie en poche de mon roman La Nuit de la Faillite.