La France affiche un niveau d’inégalité proche de la moyenne européenne. Dilok / stock.adobe.com

Société

Dans une note, l’expert des finances publiques François Ecalle souligne que, sur le front de la redistribution, le pays se situe dans la moyenne européenne.

Le Figaro - 27 mai 2025 - Par Julie Ruiz

En politique, il arrive que les chiffres s’opposent aux discours. Par exemple, comme le résume l’expert des finances publiques et directeur de Fipeco François Ecalle, «contrairement à ce qu’on entend parfois, la France n’est pas un enfer inégalitaire». Dans une note à paraître ce mercredi sur son site, le ponte des comptes publics démontre que la redistribution remplit, en France, efficacement son rôle pour réduire les inégalités.

Mesuré par un outil appelé le coefficient de Gini — outil qui note un pays sur une échelle théorique allant de 0 si tous les revenus sont identiques à 100 si une seule personne dans le pays dispose de la totalité des revenus —, le niveau d’inégalités en France s’élève à 29,7 en 2023, soit un score très proche de la moyenne européenne, 29,6. «Parmi les principaux pays européens, les Pays-Bas, la Belgique et la Pologne ont un coefficient nettement plus faible. Ceux de l’Italie et de l’Espagne sont nettement plus élevés», ajoute François Ecalle.

Aides et Impôts

Les inégalités primaires — celles qui ne tiennent compte que des revenus des individus et, donc, pas des impôts et des aides — sont en France «supérieures à la moyenne européenne et plus fortes que dans les autres grands pays», avec un coefficient de 37,2 contre 35,3 dans la zone euro. Ainsi, la redistribution «joue son rôle», comme l’explique l’expert, en réduisant les inégalités pour ramener la France dans la moyenne. Ainsi, «l’ampleur de la redistribution» est «plus importante que dans la moyenne et que dans les autres grands pays, Belgique exceptée», selon la note de Fipeco. Elle est en revanche plus faible en Italie, en Espagne et en Pologne.

Cette redistribution, en France, passe en majorité (61%) par les prestations sociales (allocations logement, familiales et minima sociaux comme le RSA) qui sont pour la plupart sous conditions de ressources et augmentent, donc, le revenu des plus modestes, réduisant les inégalités à l’échelle du pays. De l’autre côté du spectre, ce sont les impôts (39% de la redistribution) qui diminuent les revenus des plus aisés, les rapprochant ainsi de la moyenne. L’impôt le plus «redistributif» (il représente à lui seul 33% de la redistribution en France) est, sans surprise, l’impôt sur le revenu, soit le prélèvement progressif par excellence.

À noter, de surcroît, que le coefficient de Gini ne permet pas de tenir compte «de la redistribution opérée par les services publics, ni des impôts indirects et des impôts sur le patrimoine. Des travaux publiés par l’Insee en 2023 montrent que la redistribution est beaucoup plus importante en France et qu’elle profite aussi aux classes moyennes si on en tient compte», ajoute la note.

Autre bonne nouvelle, la France affiche un taux de pauvreté inférieur à la moyenne européenne (15,4% contre 16,2% dans l’UE). Du côté des plus fortunés, en revanche, la part du dernier centile (les 1% les plus aisés) dans le revenu national est «proche en France de celle estimée dans la plupart des grands pays européens».