Tribune

Sur le Président Albert Lebrun, De Gaulle écrit dans les Mémoires de guerre : "« Au fond, comme chef de l’Etat, deux choses lui avaient manqué, qu’il fut un chef, qu’il y eût un Etat ».

 6 juillet 2025 - Par Renaud Dutreil, Entrepreneur, Ancien ministre

Nous y revoilà ! Elu Président de la Vème République en 2017, Emmanuel Macron a fait un bond de soixante en ans en arrière : il est devenu un Président de la IVème République, qui inaugure les opérations mémoire et félicite les sportifs d'avoir bien couru, pédalé ou nagé.

• Il n'est pas un chef, on le sait maintenant : pas de vision, pas de courage, pas d'incarnation de la France, pas d'énergie, pas d'empathie. Depuis la crise des gilets jaunes, le Président a rompu avec la France et avec les Français, sans jamais parvenir à recréer ce lien d'incarnation de la France, indispensable à la fonction.

• L'Etat français, de son côté, n'est plus l'Etat. Transformé en machine à redistribuer sous forme de prestations sociales de l'argent emprunté sur les marchés financiers ou prélevé par la contrainte sur tous les contribuables possibles, il est devenu un Etat Providence imprévisible et imprévoyant. Les trois fonctions essentielles de l'Etat - Savoir-Santé-Sécurité- des Français sont mal exercées tandis qu'une moitié du peuple est accablée d'impôts.

• Cette double faiblesse se ressent en Europe : des deux nations européennes qui avaient conservé un sens de la grandeur, le Royaume Uni et la France, l'une a largué les amarres et l'autre coule au port. L'absence de leadership en France se traduit mécaniquement par l'absence de leadership en Europe, comme on l'a vu récemment dans les négociations "Canossa" avec Donald Trump

• Hors d'Europe et hors de France, des leaderships et des Etats forts affirment leur détermination à défendre les intérêts de leurs peuples et de leur nation : USA, Inde, Chine, Russie, Turquie sont dirigés par des leaders autoritaires.

Ce ne sont pas nos Institutions qui sont inadaptées. Au contraire, dans ce monde de "chefs" et d'Etats-Nations, la constitution de la Vème République donne à la France les bons outils institutionnels. Mais encore faut il des "caractères" pour l'interpréter ! Le personnage principal, à l'Elysée, et le personnel politique, ailleurs, ne sont pas à la hauteur de la partition. Creux et bavards, ils ont transformé l'Etat en un habit vide, qui flotte aux quatre vents. Les Français sont orphelins d'un authentique leadership, à même de redonner à l'Etat son rôle et à la France son honneur perdu.

Espérons que 2027 sera un nouveau départ, une vraie compétition pour un nouveau leadership.

Renaud Dutreil