David Lisnard. Photo Arnaud FEVRIER pour l’AMF

Collectivités locales

Maire de Cannes et président de l’Association des maires de France (AMF), David Lisnard était à Amiens jeudi 28 mars 2024 où il participait au congrès des maires de la Somme. Il est également président de Nouvelle Energie pour la France, en vue de la prochaine élection présidentielle.

Le Courrier Picard - 27 mars 2024 - Par Benoit Delespierre

Les collectivités locales vont à nouveau devoir se serrer la ceinture si l’on en croit les récentes annonces gouvernementales. On va donc réentendre la complainte des maires qui n’y arrive plus ?

Depuis une vingtaine d’années, nous sommes dans une phase de recentralisation. Depuis 2013, l’Etat a repris 71 milliards aux collectivités locales en baisse de dotations, en supprimant la taxe d’habitation, la CVAE, ce que personne ne demandait. Mais plus il recentralise, moins il y a de performance publique car l’efficacité vient de la proximité. Il diminue l’autonomie des communes, il augmente sa dette; à terme, c’est une bombe financière et c’est une bombe sociale car c’est nous qui assurons le lien de proximité.

Mais vos administrés ne se plaignent pas de la suppression de la taxe d’habitation que les grands élus n’ont jamais su réformer ?

Lorsque l’Etat recentralise, il augmente les autres impôts : la TVA, la CSG, l’impôt sur le revenu... Moi, je veux que mes habitants me jugent sur ma capacité à lever peu d’impôts.

Nous avons des villages, des petits bourgs où l’on ne trouve plus de candidats pour être conseiller municipal ou maire. Vous ne pensez pas que le modèle communal, héritier de nos paroisses d’Ancien Régime, est à bout de souffle ?

Nous avons quarante démissions de maires en France par mois. La cause, c’est la difficulté croissante à agir. Mais la petite commune est encore pertinente. C’est une communauté de vie historique, humaine et c’est surtout un lieu d’innovation.

Une foire d’empoigne se déroule en ce moment entre les territoires et la région sur les droits à construire et à aménager sur des terres agricoles. C’est le Zéro artificialisation nette. Qu’en dites-vous ?

Cette loi attise les conflits locaux, on en est qu’au début et cela ne pourra pas fonctionner. Elle augmente également les inégalités entre territoires. La ville qui dispose d’ingénierie répondra mieux aux exigences technocratiques de l’Etat; pour accueillir telle usine, elle pourra artificialiser sur le quota de la région ou de l’Etat. Les villages qui voudront une nouvelle école peuvent craindre un refus.

Constatez-vous que l’éolien sème la zizanie dans nos campagnes avec d’un côté des maires avec leur administrés, qui n’en veulent pas ? Et de l’autre, des maires qui pensent d’abord à leur recettes fiscales ?

A l’AMF, nous n’avons pas à juger s’il faut des éoliennes ou pas. L’important pour nous, c’est que la volonté communale soit respectée et qu’une commune ne s’en fasse pas imposer.

Vous êtes aux LR mais vous avez fondé Nouvelle Energie pour la France en 2021 pour peser sur l’élection présidentielle à venir. Quels sont vos relais dans la Somme ?

Il y a Jérôme Caillerez tout d’abord, (le «paysan saturnien», agriculteur à Humbercourt, NDLR) mais aussi le président d’Amiens Métropole, Alain Gest et le sénateur Laurent Somon. Nous sommes huit cents élus en France. Il s’agit d’abord de construire une offre politique pour sortir de l’impuissance publique notre démocratie en crise. Ensuite on verra, ce n’est pas une aventure personnelle.